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Combo #3 pour la Saint-Valentin

Article par Éric LeBlanc
Illustration par Valérie Gaudreault-Guilbert 

Il n’existe – à ma connaissance – aucune comédie romantique où « [u]n jeune trouple de New York [ou toute autre ville] voit sa Saint-Valentin mise en péril par une aventure rocambolesque [du type bébé oublié dans un autobus / conglomérat expropriatrice de vieilles maisons familiales] pour finalement tomber dans les bras l’un.e de l’autre de l’autre et disparaître avec un rire complice derrière des rideaux tirés. »

Voici mon adresse courriel pour qu’on me détrompe : eric_leblanc179@hotmail.com

Ainsi, bien que la vie amoureuse à trois entame son entrée dans l’imaginaire collectif (merci Netflix), elle reste encore un modèle marginalisé, voire fétichisé. Pour le moment, ce sont les PornHub de ce monde qui ont le monopole de « « « l’intimité » » » (sont-ce assez de guillemets?) à trois – et disons que leur vision de notre vie inclut beaucoup de plombiers et pas assez de câlins. Que reste-t-il du trip à trois une fois qu’on le sort de la pornographie pour le vêtir des vêtements de la routine? Incursion derrière lesdits rideaux tirés pour plonger dans une sexualité en triade (la mienne, la nôtre) qui revendique sa banalité (sans être moins orgasmique).

Devenir ambidextre

Les gaucher.ère.s forcé.e.s d’utiliser des ciseaux droitiers au primaire vous le diront : se débrouiller avec nos deux mains demande de la patience, des efforts. N’étant pas un prérequis pour le baccalauréat en littérature, je n’ai jamais développé mon ambidextrie. Mais maintenant que je mène ma vie avec deux extraordinaires garçons depuis plus de trois ans, il m’a fallu retourner faire quelques préalables.

Autant dans les plaisirs paresseux du dimanche matin que dans les p’tites vites post-roadtrip au Costco, être à l’écoute de son.a partenaire est primordiale. Et donc, être à l’écoute de deux amoureux devient indispensable. Loin d’être une source d’angoisse, se retrouver à faire plaisir à deux personnes permet plutôt d’apprendre à se connaître sous un nouvel angle. Une main libre devient l’occasion d’une caresse pour un troisième joueur. Les fesses en l’air, une invitation pour celui qui ne reçoit rien de ma bouche. Parce qu’elle est là, la conséquence inévitable de la triade : autant on en découvre plus à donner, autant on en reçoit davantage aussi. Pour celleux (comme moi) qui préfèrent offrir que se faire offrir, l’effort est réel – mais payant. C’est décrocher, plonger dans son intimité différemment, avec deux mains expertes.

Encore plus nu, pour le mieux

WARNING : GÉNÉRALITÉ – En tant que société, on a encore beaucoup de difficulté avec la vulnérabilité. Ceux qui s’identifient comme homme, surtout. La sexualité de routine s’érige comme rare exception, où ce qu’on ne montre nulle part ailleurs reprend ses airs de havre de paix, et ce, grâce à la bienveillance des yeux amoureux [insérer violons et coucher de soleil ici]. Est-ce que l’anxiété de performance revient au galop quand on multiplie les regards? À trois, on embarque dans le même bateau qu’à deux : la confiance, la tendresse pour les maladresses ou les défauts restent les mêmes. Plus encore, sentir ses kinks ou ses laideurs (subjectives) comprises et/ou partagées par plus d’yeux posés sur mon corps nu participe à ce que je me sente davantage validé, en sécurité pour être aussi poilu ou loud que je veux.

Ça devient une invitation à s’approfondir main dans la main dans la main.

La synchronisation des désirs

Revenons à notre Saint-Valentin : certain.e.s se font un devoir d’y inclure une soirée de galipettes 4D son et lumière, que la fondue au fromage leur ait donné des ballonnements ou non. D’autres se masturbent sagement en solo dans la douche quand l’amour s’est endormi devant une énième reprise de Friends. Que le Dollorama soit rempli de cupidons roses ou de citrouilles en carton, le désir ne frappe pas toujours en même temps dans un couple. Rajoutons une troisième personne, pour le fun. Et ajoutons même la pandémie tant qu’à faire, où bon nombre de couples / trouples / polycules se sont retrouvés confinés ensemble 24/7 dans la brume inconstante de la déprime. Les chances d’une flush royale diminuent à vue d’œil.

Le trouple vient avec cet enjeu de la synchronisation des désirs : deux peuvent vouloir sortir les jouets, mais le troisième se serait contenté d’une branlette lente et douce. L’un peut s’essayer d’un choke sur un deuxième qui a surtout envie de regarder le troisième donner du sexe oral au premier. Ou un duo commence à se chevaucher alors que le dernier décroche. Gérer ces moments où ce n’est pas tout le monde qui veut la même chose – ou qui veut tout court – a demandé une humilité que je n’avais pas (et que j’apprends encore à maîtriser). Dans une triade, il faut décupler les occasions de communiquer, verbaliser ses envies et ses frustrations de manière explicite, faire des compromis et respecter les limites de chacun.e. Rien de nouveau sous les tropiques me direz-vous; mais quand il y a deux interlocuteur.rice.s qui ont chacun.e leur langage et leurs besoins, la gymnastique est d’autant plus délicate. C’est surtout une autre manière d’apprivoiser ses propres attentes.

Et quand, enfin, on se retrouve au milieu de la sandwich qu’on espérait, ç’en ait que d’autant plus délicieux de savoir que les deux tranches de pain vivent la même extase.

Secret ending?

On ouvre les rideaux et nous revoilà avec une magnifique vue sur Manhattan (ou Drummondville). Heureusement, la comédie romantique se poursuit au-delà du générique : dans tout ce sexe accueillant, pas toujours beau à voir de l’extérieur (mais de l’intérieur, my my), qui ne se termine pas souvent par un orgasme simultané et où l’un des sportifs est plutôt parti faire l’épicerie pendant que les deux autres viennent directement dans le kleenex pour pas avoir à faire une brassée (ne faites pas comme si ça vous ne vous arrivait jamais). Ce n’est rien d’extraordinaire, mais c’est nous. Ça se découvre et se célèbre comme tout le reste.


Éric LeBlanc

Éric LeBlanc est auteur et artiste multidisciplinaire. Sa pratique d’écriture s’intéresse surtout aux relations entre le queer, le polyamour et la culture pop. En 2021, il a publié dans les collectifs Self-care (Hamac) et Le besoin fou de l’autre (Atelier 10), en plus de présenter un extrait de son texte théâtral Compersion, ou Cyrano de Limoilou au festival du Jamais Lu. Son premier recueil de fictions, Le bleu des garçons, est sorti chez Hamac en 2020. 

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