Des asclépiades pour l’intimité
par Michèle St-Amand
L’asclépiade est une plante essentielle à la survie des monarques, ces papillons en voie de disparition. Pour contribuer à l’augmentation de cette espèce, il faut planter des asclépiades et des plantes nectarifères. Il faut créer un espace invitant pour favoriser leur reproduction et assurer leur survie.
Comment va l’intimité en 2021? Est-ce que cette « espèce » se porte bien? Avec les codes pornographiques qui nous entourent, le discours néolibéral et la défense des libertés individuelles liées à la marchandisation des corps (surtout celui des femmes) et de la sexualité, est-ce démodé de parler d’intimité? De parler de cette intimité qui va à l’encontre de ce que propose une société de surconsommation et qui valorise la performance et la gratification immédiate? Quand tout doit être fait à la hâte et de façon superficielle pour être reconnu.e. par la société, est-ce que l’intimité a encore sa place? Quand exister aux yeux des autres est si important?
La pornographie et ce qui l’entoure n’ont pas besoin de publicité, ni de plus de tribunes. Ses codes sont omniprésents. Sa consommation n’est pas en voie d’extinction! L’intimité, quant à elle, est noyée par ce que la pornographie contemporaine propose, soit une sexualité déconnectée du cœur (à noter : à l’autre extrême, elle est aussi amochée par la répression et l’inhibition). Mon intention ici n’est pas de faire le procès de la pornographie, mais bien de remettre l’intimité à l’avant-plan. À l’avant-plan, mais sans une lumière trop forte, qui risquerait de l’abimer. Je vous invite donc à faire une réflexion sur l’intimité en relation, peu importe le type de relation qui vous rejoint.
Commençons par rappeler que la racine du mot intimité, intimus en latin, veut dire « au plus profond », « le plus intérieur ». L’intimité est un processus développemental intrapersonnel et interpersonnel, qui est étroitement lié à l’estime de soi (une personne habitée par la honte aura de la difficulté à développer une intimité véritable). Elle évoque ce qui est contenu au plus profond de soi. Elle est un espace précieux où il est possible de se dévoiler à soi et à l’autre, en toute sécurité; un espace d’équilibre entre le retrait et le partage, là où il n’est pas question de fusion ni de distance hermétique. Elle incarne ce paradoxe où il est question d’être en connexion profonde avec soi ET d’être en connexion avec l’extérieur. Une danse fluide entre l’intérieur et l’extérieur. Être avec soi pour être avec l’autre. C’est comme s’il y avait une frontière symbolisée par une porte qu’on ouvre à soi-même ou à l’autre, et qui n’a qu’une poignée à l’intérieur, près de soi.
L’intimité n’est pas criante et elle ne s’expose pas d’elle-même. Elle a besoin qu’on lui apporte une attention, un soin sensible et délicat; qu’on lui offre un téménos (mot grec qui signifie une enceinte sacrée et intérieure). Comme pour les monarques, elle requiert ce jardin offrant une flore soigneusement choisie.
L’intimité ne s’achète donc pas. Elle n’a pas de prix. Elle a besoin de temps, d’une proximité choisie et désirée (contrairement au désir qui a besoin de distance, mais ça, c’est un autre dossier!), de présence, de connexion avec soi et avec l’autre. Développer de l’intimité est courageux, en ce sens qu’il est question de se nommer et de se vivre à partir de son cœur, de contacter sa propre vulnérabilité et de s’ouvrir à l’autre, dans un climat de confiance. C’est une connexion souterraine où la gêne et la honte ne sont pas invitées; où l’authenticité et la réciprocité règnent.
L’intimité fait partie de la globalité de la sexualité, qui elle, possède plusieurs dimensions. Nous pouvons certes vivre une sexualité sans intimité, mais une sexualité épanouie, être en bonne santé sexuelle, est en étroite relation avec sa capacité à être intime avec soi, et avec l’autre. On y retrouve donc une intimité affective lors des relations sexuelles.
L’intimité sexuelle engage toutes les parties de soi : la tête, le corps, le cœur… La dimension biologique (la génitalité, la réponse sexuelle comme l’excitation et l’orgasme, la contraception, la prévention des ITSS, etc.) est souvent celle associée à la définition de la sexualité. Ainsi, il y a parfois un ombrage sur les autres dimensions de la sexualité, qui sont celles-ci : psychoaffective, socioculturelle, relationnelle et morale.
En pratique privée, j’observe chez certain.e.s client.e.s un désir d’intimité, d’une sexualité plus humaine et plus harmonieuse, plus lumineuse, sans nécessairement vouloir être en couple. En même temps, chez ces personnes, il y a la présence d’une certaine gêne, d’une pression, et d’un sentiment d’exclusion face à ce qui est proposé socialement. J’ai entendu des personnes de différentes réalités sexuelles exprimer qu’elles se sentaient défectueuses face à la pression de tout explorer sexuellement, sans attache, alors qu’elle souhaitait développer une vie sexuelle plus intime, loin de la performance et de la simple génitalité. Une sexualité qui est plus qu’un emboitement des corps.
Pour terminer, je vous invite à faire un parallèle entre notre relation à la nature et notre relation à l’intimité (intéressant, j’écris ces mots en ce Jour de la Terre...): les deux sont directement affectés par la gratification immédiate, par le « court-termisme », au détriment de valeurs profondes et de durabilité. Cela dit, pourquoi ne pas appuyer délicatement sur le frein, nous connecter à la nature, à soi et à l’autre. Pourquoi ne pas prendre une distance d’avec les écrans et d’avec toutes les notifications rouges qui nous mettent en urgence. Mettons de l’avant notre façon d’être plutôt que notre façon de faire et de performer; allons vers l’imaginaire plutôt que le mercantilisme. Prenons soin de notre intimité unique, nourrissons-la, offrons-lui ce dont elle a besoin pour s’actualiser.
La pornographie et ce qui l’entoure n’ont pas besoin de publicité, ni de plus de tribunes. Ses codes sont omniprésents. Sa consommation n’est pas en voie d’extinction! L’intimité, quant à elle, est noyée par ce que la pornographie contemporaine propose, soit une sexualité déconnectée du cœur (à noter : à l’autre extrême, elle est aussi amochée par la répression et l’inhibition). Mon intention ici n’est pas de faire le procès de la pornographie, mais bien de remettre l’intimité à l’avant-plan. À l’avant-plan, mais sans une lumière trop forte, qui risquerait de l’abimer. Je vous invite donc à faire une réflexion sur l’intimité en relation, peu importe le type de relation qui vous rejoint.
Commençons par rappeler que la racine du mot intimité, intimus en latin, veut dire « au plus profond », « le plus intérieur ». L’intimité est un processus développemental intrapersonnel et interpersonnel, qui est étroitement lié à l’estime de soi (une personne habitée par la honte aura de la difficulté à développer une intimité véritable). Elle évoque ce qui est contenu au plus profond de soi. Elle est un espace précieux où il est possible de se dévoiler à soi et à l’autre, en toute sécurité; un espace d’équilibre entre le retrait et le partage, là où il n’est pas question de fusion ni de distance hermétique. Elle incarne ce paradoxe où il est question d’être en connexion profonde avec soi ET d’être en connexion avec l’extérieur. Une danse fluide entre l’intérieur et l’extérieur. Être avec soi pour être avec l’autre. C’est comme s’il y avait une frontière symbolisée par une porte qu’on ouvre à soi-même ou à l’autre, et qui n’a qu’une poignée à l’intérieur, près de soi.
L’intimité n’est pas criante et elle ne s’expose pas d’elle-même. Elle a besoin qu’on lui apporte une attention, un soin sensible et délicat; qu’on lui offre un téménos (mot grec qui signifie une enceinte sacrée et intérieure). Comme pour les monarques, elle requiert ce jardin offrant une flore soigneusement choisie.
L’intimité ne s’achète donc pas. Elle n’a pas de prix. Elle a besoin de temps, d’une proximité choisie et désirée (contrairement au désir qui a besoin de distance, mais ça, c’est un autre dossier!), de présence, de connexion avec soi et avec l’autre. Développer de l’intimité est courageux, en ce sens qu’il est question de se nommer et de se vivre à partir de son cœur, de contacter sa propre vulnérabilité et de s’ouvrir à l’autre, dans un climat de confiance. C’est une connexion souterraine où la gêne et la honte ne sont pas invitées; où l’authenticité et la réciprocité règnent.
L’intimité fait partie de la globalité de la sexualité, qui elle, possède plusieurs dimensions. Nous pouvons certes vivre une sexualité sans intimité, mais une sexualité épanouie, être en bonne santé sexuelle, est en étroite relation avec sa capacité à être intime avec soi, et avec l’autre. On y retrouve donc une intimité affective lors des relations sexuelles.
L’intimité sexuelle engage toutes les parties de soi : la tête, le corps, le cœur… La dimension biologique (la génitalité, la réponse sexuelle comme l’excitation et l’orgasme, la contraception, la prévention des ITSS, etc.) est souvent celle associée à la définition de la sexualité. Ainsi, il y a parfois un ombrage sur les autres dimensions de la sexualité, qui sont celles-ci : psychoaffective, socioculturelle, relationnelle et morale.
En pratique privée, j’observe chez certain.e.s client.e.s un désir d’intimité, d’une sexualité plus humaine et plus harmonieuse, plus lumineuse, sans nécessairement vouloir être en couple. En même temps, chez ces personnes, il y a la présence d’une certaine gêne, d’une pression, et d’un sentiment d’exclusion face à ce qui est proposé socialement. J’ai entendu des personnes de différentes réalités sexuelles exprimer qu’elles se sentaient défectueuses face à la pression de tout explorer sexuellement, sans attache, alors qu’elle souhaitait développer une vie sexuelle plus intime, loin de la performance et de la simple génitalité. Une sexualité qui est plus qu’un emboitement des corps.
Pour terminer, je vous invite à faire un parallèle entre notre relation à la nature et notre relation à l’intimité (intéressant, j’écris ces mots en ce Jour de la Terre...): les deux sont directement affectés par la gratification immédiate, par le « court-termisme », au détriment de valeurs profondes et de durabilité. Cela dit, pourquoi ne pas appuyer délicatement sur le frein, nous connecter à la nature, à soi et à l’autre. Pourquoi ne pas prendre une distance d’avec les écrans et d’avec toutes les notifications rouges qui nous mettent en urgence. Mettons de l’avant notre façon d’être plutôt que notre façon de faire et de performer; allons vers l’imaginaire plutôt que le mercantilisme. Prenons soin de notre intimité unique, nourrissons-la, offrons-lui ce dont elle a besoin pour s’actualiser.
Plantons des asclépiades pour l’intimité.
Michèle St-Amand
Michèle St-Amand est sexologue psychothérapeute. Elle travaille avec passion et compassion, et elle croit au potentiel de transformation de chaque personne qu’elle rencontre. Elle a particulièrement de l’expérience auprès des personnes victimes d’agression(s) sexuelle(s) et/ou présentant des réactions post-traumatiques. Elle intègre l’art dans sa pratique, et elle apprécie avoir un regard social sur la sexualité.